samedi 19 novembre 2011

Dette publique et tour de magie


Et si on parlait de dette publique de façon plus simple ?

Retirons les notions de « PIB », de pourcentage, de taux d’intérêts.
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Arrêtons d’évoquer ces milliards qui dépassent notre entendement, et remettons tout à l’échelle humaine.
Même si ce procédé est critiquable, car un Homme  a une durée de vie différente d’un État, nous aurons au moins gagné en lisibilité.
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Prenons le cas d’une famille moyenne avec deux parents salariés et deux enfants scolarisés.

Le salaire de madame est le salaire moyen des femmes, soit 1834 € / mois.
Le salaire de monsieur est le salaire moyen des hommes, soit 2240 € / mois.
Quelle est leur situation au regard de la dette publique ?
En plus des dettes courantes pour leur achat de maison et de voiture, leur part de la dette publique est de 104.123€ (dont  4.593 € en raison des « cadeaux fiscaux » du début du quinquennat actuel).
Cette dette, déjà lourde, augmente  de 1396 € chaque mois car les dépenses sont très supérieures aux recettes. En effet, leur part de dépenses publiques est chaque mois de 5610 €, alors qu’ils paient des prélèvements obligatoires à hauteur de  de 4214 €.

Pour faire ce calcul, je prends le total des dépenses publiques, je les divise par le nombre d'habitants en France, et je multiplie ce chiffre par quatre, soit le nombre de personnes composant ce foyer standard de référence. Ce foyer a deux actifs et deux inactifs, ce qui est une proportion proche de la population française.
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Je fais la même opération pour les prélèvements obligatoires.
Le système tient malgré tout car il reste des prêteurs qui acceptent de leur verser ces 1396 € par mois dans l’espoir d’être un jour remboursés.
Il y a toutefois un problème.

Les prêteurs constatent que les dépenses battent des records. Les prêteurs peuvent par exemple constater que le nombre de fonctionnaires publics territoriaux a augmenté de plus d’un demi-million ces dix dernières années, ou que la dépense par élève du secondaire est passée en euros constants de 6651 € en 1989 à 9377 € aujourd’hui.

Et au plan global, les prêteurs peuvent remarquer que les dépenses publiques ont augmenté en euros constants de plus d’un tiers au cours des vingt dernières années, alors qu’elles étaient il y a vingt ans déjà excessives au regard des recettes.

Les prêteurs peuvent remarquer que les dépenses publiques représentent désormais 1,3 fois les dépenses privées. Ils peuvent penser que c’est économiquement intenable pour la sphère privée, que l'industrie va continuer de fuir le pays, et que la bureaucratie dévore l’argent. Ils peuvent constater aussi que le gouvernement actuel a amplifié ces excès.

De plus, du côté des recettes, la pression fiscale a des limites pratiques. La fortune cumulée de tous les milliardaires français permettrait de payer 1 mois et 20 jours de dépenses publiques. Les riches sont certes très riches, mais un camion-citerne, même énorme, est  impuissant à remplir un océan : concrètement, l’échelle n’est pas la même.

Il y a donc pour les prêteurs un risque de non-remboursement, ainsi que cela est avéré en Grèce.

Pour pouvoir prêter, rappelons que ces prêteurs collectent l’épargne d’une multitude d’individus qui produisent plus qu’ils ne consomment : les fourmis prêtent aux cigales.  Ces prêteurs demandent un taux plus élevé pour rémunérer le risque de non-remboursement qui émerge.

 Alors il se produit un tour de magie.

Les prêteurs changent de nom.

Par la magie de la propagande médiatico-politique, les prêteurs deviennent des « marchés financiers qui attaquent », des « banquiers avides de profits », des « fonds spéculatifs qui jouent contre les États ». On accuse en bloc tous les intermédiaires.

L'avidité est certes condamnable, mais qui se laisse bluffer par ce vilain tour de magie ? Pourquoi accuser les prêteurs ? Les accusateurs cherchent-il à masquer leurs propres excès?

Ces questions en appellent surtout une autre, peut-être plus fondamentale : qui est capable de tenir un discours juste ?

La société française est déséquilibrée et rares sont ceux qui ont conscience de la proximité du point de rupture. La bureaucratie a un pouvoir excessif au détriment du citoyen, et génère des dépenses démesurées, dans une inconscience de la situation réelle.

C'est ce défaut de conscience qui cause la sincère surprise des Grecs. En France, ce défaut de conscience empêche pour l’heure l’émergence des solutions pratiques de rééquilibrage du pouvoir en faveur des citoyens. La surprise viendra à son tour, sauf si on l'anticipe par des mesures de rééquilibrage. Il est encore temps.

Les solutions de rééquilibrage sont développées dans le présent blog. J’en extrais cinq à titre d'exemple. Ces solutions replacent pour partie la décision au niveau du citoyen.

1-     Rétablissement du droit des citoyens de choisir ses assurance santé, retraite, et chômage, mais dans le cadre d’un cahier des charges prohibant l'éviction.
2-     Rétablissement du droit de choisir l'établissement de scolarisation de ses enfants.  Instauration du chèque éducation et de l'autonomie des établissements, dans le cadre de programmes scolaires nationaux qui seraient maintenus pour éviter la fragmentation.
3-     Rétablissement du droit de construire (le droit de construire est entre les mains des maires aujourd’hui), mais maintien des règles générales d’urbanisme. Les citoyens doivent avoir le droit de construire sans autorisation particulière préalable, et dans le respect des règles générales de voisinage, de préservation des espaces verts et des voiries.
4-     Rétablissement de la distinction entre le politique et l’économique. Le montant des aides aux entreprises dépasse le montant de l’impôt sur les sociétés : il faut supprimer les deux, pour redonner aux entrepreneurs leurs responsabilités de décision, faire des économies de dépenses publiques, et faire de la France un pays sans impôt sur les sociétés.
5-     Rétablissement de l’autonomie de financement des collectivités locales. Notons que le versement de l’Etat aux collectivités locales est de 75 milliards d’€, soit la première dépense de l’Etat.  Cette dépense doit être stoppée. Les élus locaux doivent rendre compte aux électeurs des prélèvements obligatoires qu’ils instituent.


In medio stat virtus.




Webographie :

Salaires moyens selon l’INSEE /

Montant de la dette publique selon l’INSEE /

 Population française selon l’INSEE /

Dépenses publiques selon les documents budgétaires du projet de loi de finances pour 2012 /

Prélèvements obligatoires  selon les documents budgétaires du projet de loi de finances pour 2012 /

Evolution de la fonction publique selon les documents budgétaires du projet de loi de finances pour 2012 /

 Dépense par élève selon l’INSEE, évolutions depuis 1980 /

 Les plus grandes fortunes de France selon le magazine Challenges /
http://www.challenges.fr/classements/fortune/




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