lundi 10 janvier 2011

Les plans de relance sont-ils bidon ?



Les plans de relance engagés en 2009, en particulier par les gouvernements occidentaux, représentent 2800 milliards de dollars. Suite à cette prétendue "relance", quels sont les pays qui ont une croissance dynamique ?

Voici la liste des 14 pays qui ont une croissance supérieure à 8% en 2010 (source FMI, croissance en %) :
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Qatar 16
Singapour 15
Libye 10,6
République du Congo 10,6
Chine 10,5
Inde 9,7
Turkménistan 9,4
Taiwan 9,3
Paraguay 9
Afghanistan 8,9
Mongolie 8,5
Uruguay 8,5
Botswana 8,4
Pérou 8,3

Aucun pays occidental "relancé" ne figure dans cette liste des pays ayant les plus fortes croissances.

Descendons dans le classement.
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Les plans de relance engagés en 2009 représentent 5% du PIB mondial. Choissons ce seuil de 5% comme point de repère. Hormis les pays déjà cités, voici donc la liste des 47 pays qui ont une croissance du PIB supérieure ou égale à 5% en 2010  :

Ouzbékistan 8
Papouasie-Nouvelle-Guinée 8
Liban 8
Yémen, 8
Éthiopie 8
Timor-Leste 7,9
Turquie 7,8
Laos 7,7
Thaïlande 7,5
Argentine 7,5
Brésil 7,5
Nigéria 7,4
Biélorussie 7,2
Philippines 7
Sri Lanka 7
Bhoutan 6,8
Malaisie 6,7
Zambie 6,6
Vietnam 6,5
Mozambique 6,5
Tanzanie 6,5
Libéria 6,3
Panama 6,2
Corée 6,1
Hong Kong 6
Indonésie 6
Malawi 6
Angola 5,9
Zimbabwe 5,9
Bangladesh 5,8
Ouganda 5,8
Lesotho 5,6
Géorgie 5,5
Tadjikistan 5,5
République Dominicaine 5,5
Soudan 5,5
Kazakhstan 5,4
Congo, RD 5,4
Rwanda 5,4
Myanmar 5,3
Égypte 5,3
Mali 5,1
Chili 5
Mexique 5
Syrie 5
Gambie 5
Ghana 5


Ces résultats de croissance en 2010 permettent de constater que les plans de relance occidentaux sont bidon : aucun des pays ayant engagé un plan de relance ne figure dans ces listes, quelle que soit l’ampleur du plan. C'est un constat d'échec radical.
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Malgré leur inefficience, les plans de relance vont survivre
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Ces plans de relance sont inefficients car ils consistent à ponctionner et réinjecter des capitaux qui auraient eu une utilisation par ailleurs. En pratique, un plan de relance consiste à dévier des capitaux de leur destination initiale. Le plan peut même être contre-productif car la ponction comme la redistribution engendrent des coûts de fonctionnement.
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De plus, la redistribution est loin de suivre l'efficacité optimale car les décisions de redistribution sont influencées par le clientélisme politique. Ce clientélisme aggrave l'effet pervers des plans.

Par exception, la création d'infractructures publiques (routières ou ferroviaires par exemple), peut avoir un effet d'activateur de l'économie. En effet, ces infrastructures ont un impact sur la productivité. Ce levier de productivité est insignifiant dans les pays déjà bien équipés, d'où le fiasco occidental.
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Mais la légende des plans de relance va survivre à ce fiasco. Cette légende permet aux gouvernements occidentaux de se gonfler d’orgueil en affirmant « qu’ils ont agi », et que « sans cette action c’eût été pire ». Cette légende permet aussi aux peuples de croire qu’ils sont dirigés par des gouvernements qui « prennent des mesures face à la crise ».
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Réguler les excès de masse monétaire

En réalité, la mesure efficiente pour éviter la crise et ses conséquences est de réguler la masse monétaire.
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Si le volume de la masse monétaire explose, ce qui était le cas avant la crise de 2008, les marchés financiers jouent avec les énormes surplus et déséquilibrent l’ensemble de l’économie.

Les mêmes excès avaient abouti à la crise de 1929 (mais en 1929, la mise en place de barrières protectionnistes a aggravé la crise, et nous pouvons au moins nous réjouir que cette bévue n'ait pas été réitérée).

Il faut tirer les leçons utiles quant à la source même de la crise. La crise a pour origine la déconnection entre le monde de la finance, et le restant de l'économie qu'il est sensé financer. La masse monétaire surabondante permet à la finance de s'auto-entretenir, et de débrayer de la réalité. C'est cette source de déréglement qu'il convient de tarir, plutôt que de vouloir faire rentrer le dentifrice dans le tube une fois qu'il en est sorti.

Le rôle des banques dans la création monétaire
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Les banques se financent en empruntant aux banques centrales, et prêtent en utilisant ces fonds empruntés. Comme les fonds prêtés sont eux aussi placés dans des banques, cela permet de les prêter à nouveau. Pour un € prêté par la banque centrale, il y a environ 7 € qui vont circuler.

C'est ainsi que se crée la monnaie.

Pour réguler la masse monétaire, les banques centrales doivent donc à mes yeux financer les autres banques (les « banques de second rang ») avec des taux proportionnels au rapport Masse monétaire/PIB. Ainsi, la masse monétaire épouse la croissance de l’économie réelle.

De plus, la responsabilité des banques doit être rétablie, en liant ces taux de financement au rapport engagements/ fonds propres. Les banques vertueuses doivent être récompensées, et les banques au comportement irresponsable doivent être ainsi pénalisées.
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Ce mode de régulation est expliqué et chiffré dans un article du présent blog.
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Les accords de Bâle s'enlisent
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D’ailleurs, les accords financiers internationaux de Bâle III en cours de discussion, tentent d’introduire des régulations en ce sens, en particulier en se penchant sur les ratios fonds propres / engagements.

Mais cette régulation se heurte aux intérêts de court terme des banquiers, qui pratiquent une pression efficace contre ces tentatives. Et cette régulation se heurte aussi aux gouvernements qui ont des budgets publics en déséquilibre, car la surabondance de masse monétaire facilite, à court terme aussi, le financement de leurs gaspillages.

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La démagogie des dépenses publiques, la cupidité bancaire, l'aveuglement des masses, voilà bien des monstruosités à combattre !... En toute hypothèse, il restera toujours la vertu d'espérance, et la cohérence de solutions politiques à défendre. Tôt ou tard, ces solutions seront mises en place. C'est inexorable.

2 commentaires:

Nicolas Mauduit a dit…

Nous partageons une certaine méfiance, pour rester dans l'euphémisme, quant aux "plans de relance" - mais je souhaitais tout de même faire une remarque sur le mécanisme qui les sous-tend.

vous dites "Le principe des plans de relance est de ponctionner des fonds sur les marchés de capitaux (...)" - mais les marchés de capitaux ne sont pas vraiment ponctionnés, au contraire, puisque leur seront servi les intérêts du prêt qu'ils ont consenti.

Ceux qui sont ponctionnés in fine sont les contribuables, qui remboursent principal et intérêts des plans de "relance" ourdis par nos politiciens, prisonniers de leurs clientélismes et de leur besoin de réelection...

Sylvain JUTTEAU a dit…

Oui, je suis en accord avec la nuance que vous apportez.

Bien cordialement.