vendredi 6 août 2010

Démolir les ghettos.




A Grenoble, les insurgés tirent sur la police et brûlent des dizaines de voitures. En France, ces faits sont présentés comme étant un des incidents « hélas habituels » de réaction des quartiers « défavorisés ».

A force d’amoindrir les événements, nous faisons à coup sûr le lit de nouvelles insurrections. Une Kalachnikov coûte de 2000 à 2500 €, soit l'équivalent de 50 à 60 grammes d'héroïne au détail. Les armes de guerre sont à portée de main et à portée de budget des « Zones Urbaines Sensibles », et vont être de plus en plus utilisées. Qui veut bien accepter de le voir ?
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Si l'on accepte de voir ces problèmes, la tentation de la brutalité existe, mais les voies pacifiques sont les seules qui sont justes et durables. Saint Pierre ou Bouddha ont plus d’impact de long terme que Mussolini ou Staline.
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L’insurrection grenobloise est le produit du désespoir, de l’oisiveté, du laxisme de l’appareil de sécurité, de la création des ghettos. C’est la conjonction de tous ces facteurs qui bouillonnent jusqu’à l’explosion, et c'est par des voies pacifiques que viennent les solutions de long terme.

Pour trouver les solutions, cherchons les causes.


Qui a concentré les problèmes dans un même lieu ?


La France a 4,4 millions de logements sociaux. Plus de la moitié de ces logements sont concentrés dans des grands ensembles construits de façon standardisée et répétitive, en pleine négation de la variété de la nature humaine.

Les habitants subissent ces « cages à lapin » répétitives comme un pis aller. Le taux de logements vides dans les « Zones Urbaines Sensibles »(ZUS) est d'ailleurs de 9%.

Le régime juridique qui a présidé à ces constructions date d'une sombre époque de l'histoire de France.

En effet, le « permis de construire » a été institué le 15 juin 1943 pour dominer la construction. Ainsi, les constructions ne se font plus dans le cadre de règles générales d’urbanisme, mais elles sont autorisées une à une, dans un cadre réglementaire si toufu que toute construction peut être refusée sur la base de l’interprétation des textes.

Nous sommes dans la servitude mentale et  avons fini par accepter cette situation, tout à fait contraire à la déclaration des droits de l’Homme suivant laquelle « la liberté consiste à pouvoir faire ce qui ne nuit pas à autrui ».

De plus, au plan des intérêts individuels, le droit immodéré d’interdire les constructions sert l’égo et les intérêts de beaucoup d’élus et de fonctionnaires. Ce droit d’interdire permet de délivrer le message suivant : je suis supérieur à toi car j’incarne un intérêt supérieur, c’est pourquoi je t’interdis de construire comme tu l’entends.

Ce régime du permis de construire a permis le maintien d’une pénurie de logement. Et c’est cette pénurie qui a servi de justification à la collectivité pour construire des grands ensembles. Certes, ce n'était pas un plan prémédité, mais la boucle est bouclée : l’intervention collectiviste pour interdire les constructions génère la pénurie, qui permet à son tour de justifier l’intervention collectiviste.

Le résultat de ces logements collectivistes est un habitat homogène induisant une population homogène. De plus, facteur supplémentaire de standardisation, les habitants sont sous un statut unique de locataire.

Voilà donc de quel mélange nauséabond sont sortis les ghettos : des interdictions de construire injustifiées, une volonté d’imposer un idéal de société à travers des programmes de logements collectifs, et une négation des valeurs portées par les droits de l’Homme.


Quelle est la solution la plus efficace ?


La solution est politique.

Si nous restituons aux propriétaires de terrains le droit de construire à leur initiative, dans le cadre des règles générales prévues au code civil, la variété de la construction se rétablira en exacte harmonie avec la variété de la nature humaine.

L’intervention de l’urbanisme doit se recentrer sur l’aménagement des voiries, des espaces verts, sur la protection du patrimoine naturel et bâti, et sur la construction des équipements publics. Pour revenir à une situation équilibrée, chacun doit garder son rôle. A l’urbanisme reviennent les règles générales, et à chaque particulier revient le droit de construire selon ses besoins, dans le cadre des normes techniques de construction.

N’est-il pas insupportable qu’un particulier soit inféodé à une autorisation préalable de la collectivité avant de construire une pièce supplémentaire pour loger sa mère malade dans son pavillon ? Sommes nous encore capables de cette prise de conscience ?

L’embellie de la construction ainsi déclenchée par le retour à des règles équilibrées va certes contrarier les maires de France, qui perdront ainsi leur principal pouvoir de nuire.

Mais ce rééquilibrage des règles de construction générera une offre volumineuse, permettant de détruire les « cages à lapin » qui seront de plus en plus désertées, et de faire baisser partout le prix de l’immobilier.

Démolir les ghettos en relançant l’économie de la construction, c’est possible, à condition d'avoir le courage politique de remettre en cause le pouvoir de nuire des élus locaux.

Que celui qui a une meilleure solution se lève et le prouve.

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