jeudi 3 mai 2007

Cause et remède de l'effet d'éviction

Si je chasse, je pêche, ou je cultive un champ pour me nourrir, je fabrique ou acquiers les outils nécessaires à mon activité. Je suis le producteur et le consommateur. La chaîne de production est courte.

Si je fabrique des chaussures dans mon atelier pour les vendre, le consommateur est différent du producteur. La chaîne de production s'allonge.

Si j'achète des terrains pour faire construire des maisons sous l'autorité d'un architecte et les vendre, la chaîne de production s'allonge encore. Les acteurs de la production se lient par des contrats distincts de la vente du produit final. Ce seront des contrats de maîtrise d'oeuvre, des contrats de travail, des marchés de travaux.

Que se passe-t'il alors ?

Pour tirer le maximum de bénéfice de la relation contractuelle, chacun choisit les co-contractants qui procurent le plus de valeur par rapport à ce qu'ils coûtent en argent et en travail.

De l'autre point de vue, pour rester un co-contractant attirant, chacun s'efforce d'améliorer le rapport coût/valeur obtenue qu'il propose aux autres.

Quelles sont les conséquences ?

Pour améliorer le rapport coût/valeur obtenue, chacun cherche à augmenter à effort égal la valeur produite. C'est la recherche de productivité.

Il y a éviction des co-contractants qui ont le rapport coût/ valeur fournie le plus faible. A l'échelle individuelle, c'est le chômage.

De plus, plus la productivité augmente, plus le nombre d'acteurs nécessaire à la production se réduit. Les acteurs susceptibles d'éviction sont plus nombreux.

La vulgate politique postule une croissance de 3% comme étant un remède au chômage.

C'est insensé. S'il y avait une croissance de la richesse produite de 3% pendant la durée de vie d'un homme, soit quelque 80 ans, la richesse serait multipliée par (1,03) puissance 80. Le résultat est de 10,64.

Pour que l'économie soit équilibrée, il faudrait que la richesse soit multipliée par 10,64 au cours de la vie d'un homme.

La réalité est plus dynamique.

Le chômage augmente lorsque les gains de productivité des détenteurs d'un poste de travail vont plus vite que la croissance de la consommation.

La consommation effective est l'apétit de consommation modulé par les taux d'intérêt. D'où l'impact de la publicité sur la marche de l'économie.

Nous sommes donc dans une situation de fuite en avant où la combinaison de taux bas, d'une publicité efficace, et d'une croissance de productivité modérée est un remède au chômage, avec pour corollaire l'endettement. C'est le cas actuel des Etats Unis. Il y a risque de crise de surendettement, comme en 1929.

Mais il y a une autre solution que la fuite en avant.

Le marché génère l'éviction des moins productifs. Comment les réintégrer ? Comment réguler ou éliminer cette distorsion ?

D'abord, l'embauche d'un nouveau salarié et la gestion d'une paie représente un coût fixe qui accentue l'effet d'éviction. Pour supprimer l'essentiel de ce coût fixe, nous redonnons au salarié la responsabilité de s'assurer par lui-même. Avec une obligation d'assurance minimum comme en matière d'assurance automobile, avec un cahier des charges défini par la collectivité. ( Par exemple, en matière de santé, l'assureur est dissocié des décisions de soin ).

Ensuite, nous faisons porter par la collectivité le revenu minimum, et en déchargeons l'entreprise dont ce n'est pas la raison d'être. Il est versé une allocation universelle à montant unique.

Enfin, nous maintenons une taxe salariale unique à charge de l'employeur, proportionnelle au temps de travail, et dont le taux varie en fonction du taux de chômage. La fiche de paie comprend une ligne ; il est inintéressant de faire figurer la taxe proportionnelle dont le taux est au demeurant public et unique.

Observons sur le plus long terme que l'allocation universelle à montant unique se maintient tant que les liens de solidarité de caste et de famille sont insuffisants.

Lorsque la solidarité Traditionnelle sera rétablie, l'allocation universelle sera caduque.

Aucun commentaire: